L'alimentation des personnes âgées en EHPAD [1]est une préoccupation majeure tant pour elles-mêmes que pour leurs proches. En vieillissant, de nombreux seniors rencontrent des difficultés à maintenir une alimentation équilibrée et suffisante, ce qui peut rapidement inquiéter leur famille. La perte d'appétit et le refus de manger sont des signes alarmants qui peuvent indiquer des problèmes de santé sous-jacents, rendant la situation d'autant plus complexe. La question se pose alors : à quel moment cette situation devient-elle dangereuse pour la santé de la personne âgée ? Cet article vous informe sur les conséquences d'un refus alimentaire, les causes potentielles de la perte d'appétit et les moyens d'y remédier.
Quelles conséquences pour une personne âgée qui ne veut plus manger ?
Le refus de s’alimenter chez les résidentes des maisons de retraite, tout comme le refus de soins, peut rapidement entraîner une cascade de problèmes de santé. Comprendre les conséquences de ce refus est crucial pour mettre en place des mesures appropriées.
Au bout de combien de temps le senior met-il sa vie en danger ?
Estimer précisément le temps qu'une personne âgée peut survivre sans manger est complexe et varie considérablement selon les individus. En théorie, un adulte moyen peut survivre entre soixante-dix et quatre-vingts jours sans nourriture, à condition de rester bien hydraté.
Pour les personnes âgées, cette période est souvent bien plus courte en raison de plusieurs facteurs : la réduction des réserves énergétiques, la fragilité accrue du corps, et la présence de maladies. Une personne âgée alitée, qui cesse de boire, peut ne survivre que quelques jours ou, au mieux, quelques semaines. En phase terminale, la sensation de faim et de soif disparaît souvent, et la conscience diminue, indiquant un déclin rapide des fonctions corporelles. Dans ces moments, la survie peut se réduire à quelques jours, voire quelques heures.
Quelles sont les conséquences pour sa santé ?
Les effets de la dénutrition [4]chez une personne âgée peuvent être immédiats et à moyen terme, avec des conséquences graves sur l’ensemble de l’organisme.
Les effets immédiats
Lorsqu’une personne âgée refuse de s’alimenter, elle s’expose rapidement aux risques suivants :
- fatigue et faiblesse : sans apport énergétique suffisant, le taux de glucose dans le sang diminue progressivement, épuisant les réserves de sucre en environ trois jours ;
- chutes : la diminution de la force musculaire, combinée à une hypotension orthostatique, accroît le risque de chute et de fracture ;
- déshydratation : un apport alimentaire insuffisant peut mener à une déshydratation, aggravant les problèmes de santé et pouvant entraîner une défaillance rénale en quelques jours seulement.
Les effets à moyen terme
À moyen terme, la vie du senior peut être mise en danger, notamment en raison :
- d’une perte de poids significative, conduisant à un épuisement des réserves de graisses et à une dégradation des protéines des tissus musculaires ;
- d’un système immunitaire affaibli, augmentant le risque d'infections. Le corps, en manque de nutriments essentiels, devient alors moins capable de lutter contre les agents pathogènes.
Pourquoi une personne âgée peut-elle refuser de s’alimenter ?
Le refus de s'alimenter chez les personnes âgées peut être dû à une combinaison de facteurs physiologiques, psychologiques, et sociaux.
La perte d’appétit
Avec l'âge, il est courant de constater une diminution de l'appétit chez les seniors. Ce phénomène peut être attribué à différentes causes, telles que :
- des changements physiologiques : le métabolisme ralentit, et les besoins caloriques diminuent, entraînant une sensation de satiété plus rapide ;
- une modification du goût et de l’odorat rendant les aliments moins appétissants ;
- des problèmes dentaires tels que des difficultés à mâcher et à avaler peuvent également rendre les repas moins agréables et décourager l'alimentation.
Le syndrome de glissement
Le syndrome de glissement est une cause majeure de refus de s’alimenter chez les personnes âgées. Il s’agit d’un état de déclin rapide et sévère souvent observé chez les seniors fragiles, déclenché par un événement stressant comme une hospitalisation ou le départ d’un être cher ou tout simplement par une perte de volonté de vivre. Ce syndrome se manifeste par une apathie marquée et une détérioration générale de la santé, contribuant à une réduction significative de l’espérance de vie.
Le manque d’envie de cuisiner
Avec l'âge, la motivation pour cuisiner diminue souvent en raison de la fatigue liée aux tâches physiques, à la solitude qui réduit le plaisir des repas, et à la dépression[5] courante chez les seniors.
Les effets indésirables des médicaments
De nombreux médicaments prescrits aux personnes âgées peuvent avoir des effets secondaires affectant l'appétit, tels que les nausées, l’altération du goût ou encore la sensation de bouche sèche qui rend la mastication des aliments et la déglutition difficiles.
Les problèmes de santé en fin de vie[6]
Certaines maladies chroniques ou terminales peuvent également profondément affecter l'appétit des personnes âgées, rendant l’alimentation particulièrement difficile, telles que l’arthrite, le diabète, les maladies pulmonaires, les maladies hépatiques ou encore le cancer qui entraînent des douleurs intenses et persistantes ainsi qu’une fatigue extrême.
L’isolement
L'isolement social, souvent présent chez les personnes âgées, constitue un facteur significatif contribuant à la malnutrition. La solitude pendant les repas peut engendrer une diminution de l'appétit et un manque de motivation pour cuisiner et manger. De plus, l'absence de soutien social peut rendre difficile l'accès aux ressources nécessaires pour une alimentation adéquate, telles que les courses alimentaires et la préparation des repas.
Comment aider quelqu’un qui n’arrive plus à manger ?
Pour aider une personne âgée qui n'arrive plus à manger, il est crucial de comprendre les raisons de la perte d'appétit et de mettre en place des stratégies adaptées pour stimuler son alimentation.
Rechercher les raisons de la perte d’appétit
Différentes actions peuvent être mises en place pour identifier les causes de la perte d'appétit chez une personne âgée en EHPAD[1], :
- en premier lieu, il est crucial de consulter le personnel médical et de réaliser un examen complet du résident concerné afin de détecter d’éventuels signes de dépression[5], d’anxiété ou encore des problèmes dentaires ;
- la tenue d’un journal alimentaire quotidien peut aider à détecter des schémas problématiques ;
- il est également important de prêter attention à l'environnement social et aux interactions avec le personnel et les autres résidents, car l'isolement peut fortement impacter l'appétit.
Communiquer régulièrement avec la personne âgée et passer du temps avec elle permet de mieux comprendre ses défis et de fournir un soutien émotionnel précieux, favorisant ainsi une meilleure alimentation.
Réintroduire une routine alimentaire
Fixer des heures régulières pour les repas et créer un environnement agréable et sans stress peut encourager une alimentation plus régulière. Une routine bien établie aide à stimuler l’appétit et à instaurer un sentiment de normalité, réduisant ainsi l'anxiété liée aux repas.
En outre, organiser les repas à des moments précis chaque jour permet de réguler le métabolisme et de créer des repères rassurants. Assurer une ambiance conviviale, par exemple en mangeant en groupe ou en décorant la salle à manger de manière attrayante, peut transformer le repas en un moment attendu et plaisant.
Diminuer les portions et fractionner les repas
Réduire la taille des portions et répartir les repas en plusieurs petites prises tout au long de la journée peut rendre l'alimentation moins difficile pour les personnes âgées. Cette approche permet de maintenir un apport nutritionnel constant, d’améliorer la digestion et la tolérance alimentaire et d'éviter la sensation de satiété rapide, qui peut décourager de finir un repas.
Introduire de nouvelles textures
Proposer des aliments plus mous, en purée, ou sous forme de smoothies peut être particulièrement bénéfique pour ceux qui ont des difficultés à mâcher ou à avaler. Ces nouvelles textures peuvent rendre les repas plus agréables et accessibles, réduisant la fatigue liée à la mastication et minimisant les risques d’étouffement. Varier les textures aide également à maintenir l'intérêt pour les repas, en rendant l'expérience alimentaire plus diverse et appétissante.
L’accompagner dans la prise des repas
La présence d’un parent ou d’un soignant pendant les repas peut rendre ce moment plus agréable et encourager la personne à manger davantage. Rendre visite à son proche aide à combattre la solitude et rend l'expérience alimentaire plus positive. Parler de bons souvenirs ou de sujets plaisants peut détourner son attention de la nourriture, rendant le repas moins stressant et plus engageant.
Veiller à ce que la personne boive suffisamment
S’assurer que la personne âgée reste bien hydratée est crucial pour sa santé, notamment en période de fortes chaleurs. Encourager la consommation régulière de liquides et proposer des boissons faciles à boire tout au long de la journée peut prévenir la déshydratation, susceptible d’aggraver la perte d’appétit.
Offrir une variété de boissons, comme de l'eau, des jus, ou des bouillons est primordial pour maintenir les fonctions corporelles essentielles et éviter des complications graves.
Enrichir son alimentation
Utiliser des aliments enrichis ou des boissons nutritionnelles spécialement conçues pour les personnes âgées peut aider à maintenir un bon état nutritionnel. Cette approche permet de fournir les nutriments essentiels nécessaires au bon fonctionnement du corps, même en cas de difficultés à manger des repas complets. Il est important de discuter avec un professionnel de santé pour déterminer les besoins nutritionnels spécifiques du senior et choisir les options les plus adaptées à sa situation.
En conclusion, la question cruciale de savoir combien de temps une personne âgée peut survivre sans manger reste complexe et dépend de nombreux facteurs individuels. Toutefois, il est essentiel de reconnaître les conséquences graves que peut entraîner le refus alimentaire chez les personnes âgées en EHPAD[1].
En travaillant en collaboration avec le personnel médical et en mettant en place des mesures telles que l'identification des causes de la perte d'appétit, la réintroduction d'une routine alimentaire, l'adaptation des textures des aliments, et le maintien d'une hydratation adéquate, il est possible d'améliorer leur qualité de vie et de prévenir les risques associés à la malnutrition.
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