Comment gérer le syndrome de glissement en EHPAD ?

Comment gérer le syndrome de glissement en EHPAD 
Maisons de retraite

Le syndrome de glissement émerge comme un défi complexe au sein des structures d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Méconnu du grand public, ce phénomène aux conséquences parfois gravissimes, doit être rapidement détecté et pris en charge au sein des maisons de retraite. Comment se manifeste le syndrome de glissement en EHPAD[1] ? Comment le reconnaître et le traiter ? Annuaire Retraite vous explique tout sur cette condition qui se caractérise par une altération majeure de l’état de santé général de la personne âgée.

Qu’est-ce que le syndrome de glissement en EHPAD[1]

Le terme "syndrome de glissement" a été introduit pour la première fois en 1956 par le Dr Jean Carrié, un gériatre français, dans sa thèse sur "les modes de décès des vieillards à l'hospice".

Le syndrome de glissement en EHPAD[1] est un état de détérioration rapide de l'état physique et psychique des personnes âgées, généralement touchant celles de plus de 80 ans qui sont fragiles et souffrent de multiples pathologies. 

Ce phénomène survient à la suite d'un facteur déclenchant déstabilisant, et évolue rapidement vers le décès dans 80 à 90 % des cas, en l’absence de traitement. 

Le terme "glissement" exprime la dégradation de l'état mental du patient, qui perd progressivement pied dans la réalité et se sent glisser.

Bien que largement utilisé dans le domaine médical, le terme "syndrome de glissement" n'est pas officiellement reconnu comme une maladie psychiatrique ou gériatrique. Il est plutôt considéré comme un diagnostic d'élimination, intervenant après avoir exclu d'autres troubles tels que la dépression[3], les troubles psychotiques ou encore les troubles apathiques. 

femme senior diagnostiquée avec le syndrome de glissement

Quelles sont les personnes les plus à risque de souffrir de ce trouble ?

Les personnes les plus à risque de faire un syndrome de glissement sont généralement celles qui présentent déjà des fragilités physiques, psychologiques ou médicales, telles que : 

  • un âge avancé : le syndrome de glissement affecte fréquemment les personnes âgées, en particulier celles de plus de 80 ans ; 
  • une fragilité physique : les individus déjà affaiblis par des maladies chroniques comme la maladie d’Alzheimer[4], des troubles locomoteurs, ou une diminution de la masse musculaire, sont plus susceptibles de développer ce syndrome ; 
  • des problèmes de santé mentale : les personnes souffrant de dépression[3], d'anxiété, ou d'autres troubles mentaux sont plus enclines à être touchées par le syndrome de glissement ;
  • une hospitalisation récente : un séjour à l'hôpital, en raison d'une maladie, d'une opération ou d'un traumatisme tel qu’une fracture du col du fémur, peut être un facteur déclenchant du syndrome de glissement ;
  • la survenue d’un événement traumatique : la perte d'un être cher, un déménagement, ou une situation de stress important peuvent déclencher le syndrome de glissement ; 
  • un isolement social : les personnes vivant seules et isolées socialement sont plus vulnérables, car l'absence de soutien émotionnel peut contribuer au développement du syndrome.

Comment reconnaît-on un syndrome de glissement ? 

Les manifestations du syndrome de glissement peuvent parfois échapper à l'attention ou être confondues avec des signes de dépression[3] ou d'autres syndromes liés à l'âge et à la dépendance[5]

Un changement significatif de comportement

Le syndrome de glissement se manifeste par un changement brusque et notable du comportement de la personne âgée. 

Ce dernier peut s'exprimer à travers diverses actions telles que : 

  • une perte d'intérêt pour les activités quotidiennes ; 
  • un refus de prendre soin d'elle-même, voire de s’alimenter ; 
  • une négligence apparente de son bien-être ; 
  • une fatigue généralisée et très marquée ; 
  • une opposition aux soins.

Cette modification drastique de l’attitude est souvent le signe précurseur d'une série d'événements négatifs à venir.

Une soudaine perte d’autonomie du senior

L'un des aspects les plus dévastateurs du syndrome de glissement est la soudaine perte d'autonomie

Malgré sa capacité physique à accomplir des tâches essentielles, la personne âgée devient psychologiquement incapable de le faire. 

Par exemple, une personne auparavant capable de se lever, de marcher, ou de s'occuper de ses besoins élémentaires pourrait soudainement perdre la motivation nécessaire pour effectuer ces actions. Cela conduit à une dépendance[5] totale, l’exposant à des risques accrus de complications, tels que les escarres dus à une immobilité prolongée.

Une descente aux enfers pour la personne âgée 

Les conséquences du syndrome de glissement entraînent une véritable descente aux enfers pour la personne âgée. 

Physiquement, les muscles peuvent commencer à s'atrophier en raison du manque d'activité, et les infections peuvent se développer à cause d'une hygiène insuffisante.

Une détresse psychologique profonde peut s'installer, marquée par des signes tels que la désorientation, le retrait social et la manifestation d’une certaine léthargie au quotidien. 

Cette spirale descendante peut entraîner une détérioration rapide de la santé, allant souvent jusqu'au décès si des mesures d'intervention appropriées ne sont pas mises en place.

Comment réagir face à un syndrome de glissement en EHPAD[1] ?

La gestion du syndrome de glissement est complexe, et sa détection précoce est cruciale pour améliorer les perspectives de guérison.

Alerter l’équipe soignante

Il est avant tout essentiel d’informer l'équipe soignante de toute suspicion de syndrome de glissement chez un senior en maison de retraite médicalisée

Lorsque les manifestations surviennent peu après l'installation en structure d’hébergement pour personnes âgées, l'aidant, en connaissant bien son proche, peut plus facilement repérer des changements subtils de comportement que le personnel pourrait ne pas remarquer immédiatement. 

En revanche, si le senior réside dans l’établissement depuis plusieurs mois, ce sont le plus souvent les membres de l’équipe médicale et paramédicale qui détectent les changements de comportements et sont le plus à même d’intervenir rapidement et efficacement.

Mettre en place une prise en charge pluridisciplinaire

En raison de la complexité de la prise en charge du syndrome de glissement, une équipe de professionnels est généralement nécessaire. Cela peut inclure des médecins, des infirmières, des kinésithérapeutes, des psychologues et d'autres spécialistes. Les proches peuvent se sentir dépassés, d'où la nécessité d'une expertise pluridisciplinaire.

Les soins et l'accompagnement du senior peuvent englober un certain nombre d’actions, telles que : 

  • le traitement des complications ou des maladies associées comme la prise en charge des escarres pouvant survenir après un alitement prolongé ;
  • la renutrition et la réhydratation parfois à l’aide de perfusions ; 
  • l’administration de médicaments tels que des antidépresseurs.

Instaurer un suivi psychologique de l’état de santé du senior

Le suivi psychologique intervient pour aider la personne à faire face aux aspects émotionnels du syndrome de glissement. 

Les professionnels de la santé mentale travaillent à identifier les facteurs déclenchants et à prévenir la détresse psychologique. Des séances de psychothérapie individuelle ou de groupe peuvent être recommandées pour explorer les sentiments, renforcer la motivation, et favoriser un état d'esprit positif.

Des jeux de mémoire, des puzzles, et des activités stimulant les fonctions cognitives peuvent être utilisés pour maintenir l'acuité mentale. 

L'ensemble de ces interventions vise à améliorer la qualité de vie de la personne atteinte du syndrome de glissement en adressant les dimensions sociale, physique, et psychologique de sa santé.

Réaliser des exercices de kinésithérapie[7]

La kinésithérapie[7] joue un rôle crucial dans la récupération physique des personnes atteintes du syndrome de glissement. 

Elle vise à restaurer la mobilité, renforcer les muscles affaiblis, améliorer l'équilibre et prévenir la perte d'autonomie. Les séances de kinésithérapie[7] peuvent comprendre des exercices personnalisés, des étirements, et des activités adaptées à l'état de santé spécifique de la personne.

Comment éviter un syndrome de glissement en maison de retraite médicalisée ?

Le syndrome de glissement, du fait de son caractère brutal et de la difficulté à détecter ses premiers signes, rend la prévention complexe. Cependant, agir en amont dès qu'un événement déclencheur potentiel survient est crucial pour éviter que la personne âgée ne sombre dans ce syndrome dévastateur.

Repérer les causes

En premier lieu, il est essentiel de repérer les causes potentielles du glissement chez la personne et de l'accompagner dès les premiers instants. 

L'écoute attentive sans jugement ni infantilisation est primordiale. La présence et le soutien offerts dans ces moments difficiles peuvent avoir un impact significatif sur l’état psychologique de la personne âgée.

Après un traumatisme médical ou accidentel, renforcer la relation avec l'équipe soignante et mettre en place un programme personnalisé d'exercices et de réhabilitation sont des mesures cruciales pour prévenir le syndrome de glissement, notamment après une chute.

Avant une opération ou un séjour à l'hôpital, expliquer le processus à la personne âgée est essentiel pour préparer mentalement et physiquement cette étape.

Lutter contre l’isolement

Il est très important de mettre en place des mesures pour contrer l'isolement en maison de retraite, cela consiste notamment à : 

  • encourager la création de liens sociaux par le biais d’activités de groupe, des ateliers artistiques, des cours, ou encore des événements récréatifs visant à stimuler l'engagement des résidents ; 
  • concevoir des espaces communs accueillants et conviviaux afin d’encourager les interactions spontanées entre les pensionnaires ; 
  • impliquer activement les familles dans la vie quotidienne des seniors afin de maintenir des liens forts. Des rencontres régulières, des événements familiaux, et une communication ouverte sont des moyens efficaces pour combattre l'isolement.

Quels sont les risques si le syndrome de glissement n’est pas détecté rapidement chez la personne âgée ? 

Si le syndrome de glissement n'est pas détecté rapidement, les risques pour la personne âgée peuvent être considérables et engendrer des conséquences graves sur sa santé physique et mentale.

La détection tardive peut conduire à une dégradation rapide de l'autonomie, augmentant ainsi les risques de complications médicales telles que les infections, l'atrophie musculaire, et d'autres problèmes de santé liés à une immobilité prolongée. 

Sur le plan psychologique, la personne peut sombrer davantage dans la détresse émotionnelle, conduisant à une perte de motivation et à une résignation vis-à-vis de la vie. 

En fin de compte, le non-dépistage précoce du syndrome de glissement peut aggraver les conditions de santé de la personne âgée, rendant la prise en charge plus complexe et réduisant les chances de rétablissement. Il souligne ainsi l'importance d'une vigilance constante et d'une réaction rapide pour minimiser les risques associés à ce syndrome délicat.

Commentaires (2)

carl

22 Août 2024

Bonjour a tous apportant un petit coup de main a une amie aidant familial de sa maman âgée de 91 ans , en juin nous avons du faire le 15 , mon amie constatant sa mère dans un changement total de comportement , assez ouverte discutant enore , 8 jrs après une chute dans son salon en lui évitant le choc sur un meuble et ensuite l’aidant a se relever , nous avons pris un gouter ensemble
nous pensions que ceci irait mieux , nous lui avons proposé d’enlever les tapis pour éviter qu’elle ne se repennent les pieds avec ce fut le refus total a cet effet pour éviter d’autres chutes le coupable étant un tapis ayant le bord se décousant je coupais donc
ce vilain fil faisant chuter car elle marche mais a des petites difficultés pour elle traine les pieds donc sur cela la chute est aussi rapide .
8 jrs donc après nous l’envoyons aux urgences , des e xamens furent fait avec un soin et mise en place d’un traitement de 10 jrs avec un antibiotique elle souffrait d’une infection urinaire complexe car difficultés pour éléminer en raison d’une inflammation des voies urinaires basses ceci lui a fait perdre son immunité et mis son bilan sanguin
en mode KAPPA
hospitalisée donc sur tout ceci , sur 1 mois nous allons la voir
a l’hopital a raison de 2 a 3 fois semaine , ici nous nous interrogeons arrivant au stade d’un mois d’hospitalisation , la maman de mon amie nous a tout juste reconnu , et
peu ravie de nous voir , juste en communication demande de savoir quel temps fait il dehors , ce qu’elle fait souvent , ensuite rien nous avions beau lui parler lui raconter de choses rien , nous avons a tord essayer de lui faire un peu la moral car 2 jours avant elle était en meilleure conditions elle s’est refusée a des séances de kiné pour reprendre de l’équilibre avec marche sur tapis ce fut NON !
sur son attitude totalement aphasique nous nous interrogeons la retouvant comme avant son infection nous devant faire le 15
soit autre infection urinaire la cela sera plus grave qu’avant car le t raitement antibiotique a peu fonctionné aux sorties urgences pensant que l’hopital allait prendre en charge ceci et sur demande des urgences a faire suivre , soit elle est en glissement l’hopitla le sait et agit selon ses possibilités en respectant la volonté de la personne
ayant écrit pour les medecin de l’hopital qu’elle voulait finir ses jours chez elle avec les siens
L’hopital depuis 1 mois n’a pas jugé bon de communiquer avec mon amie pourant fille et aidant a plein temps car vivant avec sa mère ceci lui est presque défavorable par l’hopital en ne communiquant pas avec elle , le 31 juillet elle a été contacté
par un médecin dans un bureau on lui a affiché que sa mère allait mourir car cancer stade final , que sa mère serait placée pour soins médicaux soit ephad soit sejour long hopita

Clémence

23 Août 2024

Bonjour,
Merci pour votre message.
Si l’hôpital ne communique pas suffisamment, il est important que votre amie demande une réunion avec l’équipe médicale pour obtenir des explications claires sur l’état de sa mère et les options disponibles. Elle a le droit d’être informée et de participer aux décisions concernant les soins de sa mère. Si nécessaire, elle peut demander l’aide d’un médiateur hospitalier.
Bon courage,
Clémence

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