Un malade Alzheimer : peut-on lui dire sa maladie ?

Un malade Alzheimer : peut-on lui dire sa maladie ?
EHPAD Alzheimer

Apprendre qu'un proche est atteint de la maladie d'Alzheimer[2] bouleverse profondément une famille. Cette nouvelle soulève immédiatement une question cruciale : faut-il en parler ouvertement au malade ? La décision n'est pas simple et chaque situation est unique. Pourtant, ce choix aura un impact majeur sur la vie du patient et de son entourage. Plongeons au cœur de ce dilemme à travers l'histoire de Thierry et Lydie, un couple confronté à cette réalité.

Le choc du diagnostic : le cas de Thierry et Lydie

Thierry, 52 ans, vient d'apprendre qu'il est atteint de la maladie d'Alzheimer[2]. Cette nouvelle tombe comme un coup de massue pour lui et son épouse Lydie. Leur première pensée va à leur fils de 21 ans. Faut-il lui dire ? Thierry hésite, craignant que cette révélation ne bouleverse leur relation. Lydie, elle, penche pour la transparence. Ce désaccord illustre parfaitement la complexité de la situation.

Leur cas n'est malheureusement pas isolé. En France, près d’un million de personnes sont touchées directement ou indirectement par Alzheimer[2]. Chaque famille doit alors faire face à ce choix délicat : parler ou se taire ?

couple de seniors Alzheimer

Les raisons de garder le silence

Certains patients et familles choisissent de ne pas révéler le diagnostic. Voici les principales raisons qui peuvent motiver ce choix :

  • La peur du regard des autres : la crainte d'être perçu différemment, avec pitié ou gêne
  • L'appréhension d'être rejeté par ses proches, qui pourraient prendre leurs distances
  • La volonté de préserver l'équilibre familial actuel, sans bouleverser les relations
  • Le désir de ne pas peser sur les projets de vie des enfants, qui pourraient se sentir obligés de modifier leurs plans
  • La crainte d'être vu comme un fardeau pour son entourage

Les bienfaits de la transparence

À l'inverse, d'autres familles optent pour l'honnêteté. Cette approche présente plusieurs avantages :

  • Rompre l'isolement et bénéficier du soutien de ses proches
  • Permettre à l'entourage de mieux comprendre et accompagner la personne malade
  • Offrir l'opportunité d'exprimer ses émotions, doutes et peurs
  • Vivre pleinement dans le présent et profiter des moments de qualité avec ses proches
  • Contribuer à une meilleure acceptation sociale de la maladie en brisant les tabous

Comment annoncer la maladie à ses proches ?

Si le choix de la transparence est fait, reste à savoir comment aborder le sujet avec ses proches. Voici quelques conseils selon la personne à qui l'on s'adresse :

Annoncer la maladie au conjoint

Le dialogue avec le conjoint est essentiel. Il permet de :

  • Trouver un nouvel équilibre dans le couple
  • Désamorcer les potentiels conflits liés aux changements de comportement
  • Planifier l'avenir ensemble, tant sur le plan pratique qu'émotionnel

En parler aux enfants et petits-enfants

Pour les plus jeunes membres de la famille :

  • Choisissez le bon moment, dans un environnement calme et rassurant
  • Utilisez des mots simples, adaptés à leur âge
  • Soyez honnête tout en les rassurant sur votre amour et votre présence
  • Laissez-leur la possibilité de poser des questions

Communiquer efficacement avec un proche atteint d'Alzheimer[2]

Une fois la maladie connue de tous, il est crucial d'adapter sa communication avec la personne atteinte. Voici quelques stratégies efficaces :

  • Choisir un environnement calme pour les échanges
  • Parler lentement et clairement, en articulant bien
  • Faire preuve de patience et d'empathie, même si la personne se répète
  • Utiliser le langage corporel pour appuyer vos propos
  • Ne pas hésiter à avoir recours au toucher bienveillant pour rassurer
  • Éviter les critiques et les confrontations qui pourraient frustrer le malade

LIRE AUSSI : Comment distraire une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ?[2]

Les défis de la communication avec un malade Alzheimer[2]

Communiquer avec une personne atteinte d'Alzheimer[2] peut s'avérer complexe. Voici les principaux défis auxquels vous pourriez être confrontés :

  • La répétition fréquente des mêmes histoires
  • Des difficultés à trouver les mots justes
  • L'utilisation de mots inventés ou inappropriés
  • Une tendance à perdre le fil de la conversation
  • Un possible retour à la langue maternelle chez les personnes bilingues

Ressources et soutien pour les familles

Face à ces défis, il est important de ne pas rester isolé. De nombreuses ressources existent pour soutenir les malades et leurs proches :

  • La radio de France Alzheimer[2] propose des témoignages inspirants
  • La plateforme téléphonique Allo Alzheimer[2] offre écoute et conseils
  • Le pôle régional des maladies neurodégénératives en Occitanie accompagne les aidants

femme senior écoutant la radio de France Alzheimer

Thierry et Lydie, inspirés par leur expérience, envisagent même de créer une permanence téléphonique pour soutenir les jeunes malades. Une belle illustration qu'il est possible de trouver un sens et un engagement face à la maladie.

Les erreurs à éviter dans la communication

Pour préserver une relation positive avec un proche atteint d'Alzheimer[2], certains comportements sont à proscrire :

  • Ne pas lui tourner le dos en parlant, le langage corporel est essentiel
  • Éviter d'évoquer des souvenirs récents, la mémoire à court terme étant la plus affectée
  • Ne pas l'infantiliser en lui parlant comme à un enfant
  • Ne pas insister sur le décès de proches qu'il pourrait mentionner comme vivants
  • Éviter de le contredire systématiquement pour ne pas le frustrer
  • Ne pas souligner ses erreurs pour préserver son estime de soi
  • Ne pas tester constamment sa mémoire avec des questions sur ses souvenirs
  • Ne pas proposer de l'aide en permanence pour ne pas le rendre dépendant

LIRE AUSSI : Faut-il dire la vérité à une personne atteinte de démence ?

Activités adaptées et ressources pratiques

Maintenir une activité intellectuelle et sociale est crucial pour les personnes atteintes d'Alzheimer[2]. Voici quelques suggestions :

  • Jeux de mémoire adaptés
  • Ateliers de peinture ou de musique
  • Séances de lecture à voix haute
  • Promenades dans des lieux familiers
  • Participation à des groupes de parole

Pour aller plus loin, le Petit Guide du Proche Aidant, disponible sur le site Unis contre Alzheimer[2], offre de précieux conseils pratiques pour le quotidien.

L'importance de la recherche et de l'information

Face à l'ampleur de la maladie d'Alzheimer[2], la recherche médicale est plus que jamais cruciale. Les avancées sont constantes, notamment dans le domaine des médicaments. Parallèlement, une meilleure compréhension de la maladie permet d'affiner les critères diagnostiques et les échelles d'évaluation, comme l'échelle de Reisberg qui définit les 7 stades de la maladie.

S'informer régulièrement sur ces avancées permet non seulement de mieux comprendre la maladie, mais aussi d'adapter sa prise en charge. C'est un moyen de garder espoir face à cette épreuve.

Prendre soin de soi pour mieux aider l'autre

L'accompagnement d'un proche atteint d'Alzheimer[2] est éprouvant. Le risque de burn-out chez les aidants familiaux est réel. Il est donc primordial de ne pas s'oublier :

  • Prenez du temps pour vous, même si ce n'est que quelques heures par semaine
  • N'hésitez pas à demander de l'aide à votre entourage ou à des professionnels
  • Rejoignez un groupe de parole pour partager votre expérience
  • Informez-vous sur vos droits et les aides disponibles

Se préserver n'est pas égoïste, c'est au contraire essentiel pour pouvoir accompagner son proche sur le long terme.

Vers une société plus inclusive

La décision de parler ou non de sa maladie reste profondément personnelle. Cependant, l'objectif commun devrait être de créer un environnement bienveillant et compréhensif pour les personnes atteintes d'Alzheimer[2].

Une société plus inclusive permettrait aux malades de vivre entourés et soutenus, renforçant ainsi les liens familiaux et sociaux. C'est un défi collectif qui nous concerne tous, que nous soyons directement touchés ou non par la maladie.

En brisant les tabous, en parlant ouvertement de la maladie d'Alzheimer[2], nous pouvons contribuer à changer le regard de la société. Chaque conversation, chaque geste de soutien, chaque effort de compréhension nous rapproche d'un monde où les personnes atteintes d'Alzheimer[2] et leurs proches se sentent pleinement intégrés et valorisés.

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