Combien de sortes de Parkinson existe-t-il ?

Combien de sortes de Parkinson existe-t-il
EHPAD Alzheimer

La maladie de Parkinson n'est pas une, mais multiple. Chaque patient semble développer sa propre version de cette affection neurologique. Cette diversité, longtemps méconnue, bouleverse aujourd'hui notre compréhension et notre approche thérapeutique. Des intestins au cerveau, en passant par le cœur, la maladie de Parkinson se révèle être un véritable caméléon médical, défiant les diagnostics simplistes et les traitements uniformes. Découvrons les méandres de cette pathologie aux mille facettes, où chaque cas est unique et où la recherche ne cesse de repousser les frontières de nos connaissances.

Les syndromes parkinsoniens : un éventail de troubles neurologiques

Quand on parle de Parkinson, on pense souvent à une seule maladie. En réalité, il s'agit d'un ensemble de troubles neurologiques regroupés sous le terme de "syndromes parkinsoniens". Ces affections ont en commun un manque de dopamine dans le cerveau, mais leurs manifestations et leurs origines peuvent varier considérablement.

La maladie de Parkinson : le syndrome le plus fréquent

La maladie de Parkinson représente la forme la plus courante des syndromes parkinsoniens. Elle touche environ 80% des personnes diagnostiquées avec un syndrome parkinsonien. Cependant, même au sein de cette catégorie, la diversité est de mise.

Certains médecins vont jusqu'à affirmer qu'il existe autant de formes de Parkinson que de patients atteints.

Les syndromes parkinsoniens atypiques : 20% des cas

Environ un cinquième des personnes touchées par un syndrome parkinsonien reçoivent un diagnostic différent de la maladie de Parkinson classique. Ces formes, dites atypiques, comprennent plusieurs affections distinctes :

  • La démence à corps de Lewy (DCL) : Deuxième cause la plus fréquente de démence dégénérative après la maladie d'Alzheimer[3], elle se caractérise par des fluctuations de la capacité de penser, des hallucinations visuelles et des symptômes parkinsoniens. Les corps de Lewy, des agrégats protéiques anormaux, sont présents dans le cortex cérébral.
  • L'atrophie multisystématisée (AMS) : Cette maladie neurodégénérative résulte de la perte de neurones dans certaines régions du cerveau, notamment les noyaux gris centraux, le cervelet et le tronc cérébral. Les patients souffrent de lenteur des mouvements, de rigidité musculaire, de problèmes d'équilibre et de dysfonctionnements autonomes comme des troubles de la vessie ou des dysfonctions érectiles. L'AMS progresse généralement plus rapidement que la maladie de Parkinson classique.
  • La paralysie supranucléaire progressive (PSP) : Ce syndrome parkinsonien pharmacorésistant se manifeste souvent par une incapacité à bouger les yeux de haut en bas, une rigidité du cou, des difficultés à avaler (dysphagie) et à parler (dysarthrie), ainsi que des problèmes d'équilibre. Le diagnostic est généralement posé chez des personnes dans la soixantaine.
  • La dégénérescence corticobasale (DCB) : Cette forme rare de parkinsonisme pharmacorésistant se caractérise par une asymétrie des symptômes parkinsoniens, une apraxie (difficulté à effectuer des mouvements volontaires) et le phénomène du "membre étranger" (sensation que l'un de ses membres a une volonté propre). Elle affecte à la fois le cortex et les noyaux gris centraux.

La maladie de Parkinson : un parcours en plusieurs étapes

Bien que chaque patient vive sa maladie de manière unique, on peut généralement identifier plusieurs phases dans l'évolution de la maladie de Parkinson.

La "lune de miel" : les premières années de la maladie

Les premières années suivant le diagnostic sont souvent qualifiées de "lune de miel" par les médecins anglo-saxons. Durant cette période, qui peut s'étendre de 5 à 7 ans selon les patients, les symptômes sont généralement bien contrôlés avec un traitement relativement léger. C'est une phase favorable où la qualité de vie des patients reste souvent bonne.

L'évolution des symptômes

Il est à noter que tous les patients ne présentent pas les mêmes symptômes. Par exemple, environ 30% des personnes atteintes de Parkinson ne souffrent pas de tremblements, un symptôme pourtant souvent considéré comme caractéristique de la maladie.

Les défis à long terme

Après la phase de "lune de miel", de nouveaux défis apparaissent souvent. Les patients peuvent commencer à expérimenter des fluctuations de l'efficacité de leur traitement, avec des périodes "on" où les médicaments fonctionnent bien, et des périodes "off" où les symptômes réapparaissent. Des mouvements involontaires appelés dyskinésies peuvent se manifester, compliquant la gestion de la maladie.

femme senior Parkinson en fin de vie

LIRE AUSSI : Comment vivre avec la maladie de Parkinson en fin de vie ?[4]

Une révolution dans la compréhension de la maladie de Parkinson

Des recherches récentes menées par le professeur Per Borghammer et son équipe de l'hôpital universitaire d'Aarhus ont bouleversé notre compréhension de la maladie de Parkinson. Leurs travaux ont mis en lumière l'existence de deux types distincts de la maladie, se différenciant par leur point de départ dans le corps.

Le type intestinal : quand Parkinson commence dans les entrailles

Dans ce premier type, la maladie prend naissance dans les intestins avant de se propager au cerveau via les connexions neurales. Les chercheurs ont observé que chez ces patients, les dommages au système nerveux des intestins et du cœur précèdent les lésions du système dopaminergique du cerveau.

Cette découverte ouvre de nouvelles pistes de recherche, notamment sur le rôle du microbiote intestinal dans le développement de la maladie. En effet, il a été constaté que les patients atteints de Parkinson présentent un microbiome intestinal différent de celui des personnes en bonne santé.

Le type cérébral : quand le cerveau est le point de départ

Dans le second type identifié, la maladie débute dans le cerveau avant de se propager aux intestins et à d'autres organes comme le cœur. Chez ces patients, les lésions du système dopaminergique cérébral apparaissent avant les dommages dans les intestins et le cœur.

Ce type de Parkinson pose un défi particulier pour le diagnostic précoce, car les symptômes moteurs caractéristiques n'apparaissent souvent que tardivement, une fois que les dommages cérébraux sont déjà importants.

Implications pour le diagnostic et le traitement

Cette nouvelle classification de la maladie de Parkinson en deux types distincts a des implications majeures pour le diagnostic et le traitement de la maladie.

Vers des approches thérapeutiques personnalisées

La reconnaissance de ces deux types de Parkinson ouvre la voie à des approches thérapeutiques plus ciblées et personnalisées. Pour les patients dont la maladie débute dans les intestins, des traitements ciblant le microbiome intestinal pourraient être envisagés. La transplantation de matières fécales, par exemple, est une piste de recherche intéressante pour ces cas.

Les défis du diagnostic précoce

Pour les patients dont la maladie commence dans le cerveau, le défi majeur reste le diagnostic précoce. En effet, ces cas sont souvent asymptomatiques jusqu'à l'apparition des troubles du mouvement, ce qui complique la détection et l'intervention précoces.

Repenser les essais cliniques

Cette nouvelle compréhension de la diversité de la maladie de Parkinson pourrait avoir un impact sur la conception des essais cliniques. Il pourrait être nécessaire de stratifier les patients en fonction de leur type de Parkinson pour mieux évaluer l'efficacité des traitements.

LIRE AUSSI : Phase terminale de la maladie de Parkinson : Quelle prise en charge en EHPAD ?[1]

L'avenir de la recherche sur Parkinson

Les découvertes récentes sur la diversité de la maladie de Parkinson ouvrent de nombreuses pistes pour la recherche future. L'étude du microbiome intestinal, la recherche de biomarqueurs précoces pour le type cérébral, et le développement de traitements ciblés pour chaque type de Parkinson sont autant de domaines prometteurs.

Ces avancées remettent en question notre compréhension antérieure de la maladie de Parkinson, longtemps considérée comme relativement homogène. Elles expliquent la grande variabilité des symptômes observés chez les patients et pourraient conduire à une révolution dans la prise en charge de cette maladie complexe.

Alors que nous entrons dans l'année 2025, la recherche sur la maladie de Parkinson continue d'évoluer à un rythme rapide. Les patients et leurs familles peuvent espérer que ces nouvelles connaissances se traduiront bientôt par des diagnostics plus précoces, des traitements plus efficaces et, à terme, peut-être même des stratégies de prévention pour cette maladie qui touche des millions de personnes dans le monde.

Laissez un commentaire