Les EHPAD [1]font face à de nombreux défis qui peuvent engendrer des risques graves pour les résidents. Les crises sanitaires, les canicules, les pannes d'électricité, ou encore les épidémies sont autant de situations d'urgence qui nécessitent une gestion rigoureuse et efficace. Pour répondre à ces situations critiques, les EHPAD[1] ont mis en place un dispositif spécifique : le plan bleu. Cet article se propose d'explorer en détail les différentes étapes de mise en œuvre du plan bleu et d’examiner ses conséquences directes sur la vie des résidents en maison de retraite.
Qu’est-ce que le plan bleu en EHPAD[1] ?
Dans les structures d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, la sécurité et le bien-être des résidents sont des priorités absolues, surtout en période de crise. Le plan bleu est une réponse structurée et préventive à cette nécessité.
Définition du plan bleu
Le plan bleu, comme le plan blanc dans les hôpitaux, est un dispositif de gestion de crise spécifique aux EHPAD[1]. Il s'agit d'un programme global de gestion des risques, intégré au projet d’établissement (article D. 312-160 du Code de l’action sociale et des familles), visant à faire face à divers types d’événements et de situations sanitaires exceptionnelles, tels que des épidémies, des pannes d'électricité, des incendies, des infections nosocomiales, des actes de malveillance et de terrorisme, ainsi que des catastrophes naturelles et technologiques.
Le plan bleu permet aux maisons de retraite de réaliser un bilan exhaustif de leurs capacités de fonctionnement en temps normal et d’évaluer leur réactivité en situation de crise. Depuis la canicule[3] de 2003, sa mise en place est devenue obligatoire pour tous les établissements hébergeant des personnes âgées, garantissant ainsi la continuité et la qualité des prises en charge dans des situations exceptionnelles.
Qui déclenche le plan bleu en EHPAD[1] ?
Le déclenchement du plan bleu est généralement sous la responsabilité du directeur, garant du règlement et du bon fonctionnement de l’EHPAD[1]. Ce dernier, en collaboration avec son équipe de gestion de crise, décide d’activer le plan en fonction de la nature et de la gravité de la situation rencontrée. Par exemple, il a été activé pendant la crise sanitaire de la Covid-19 pour gérer efficacement la situation et protéger les résidents. La décision de déclencher le plan bleu repose sur l’évaluation des risques immédiats pour la santé et la sécurité des résidents, ainsi que sur la capacité de l’établissement à maintenir ses services essentiels.
À quoi sert le plan bleu en structure d’hébergement pour personnes âgées ?
Le plan bleu a plusieurs objectifs principaux pour les maisons de retraite :
- anticiper les conséquences d’un risque identifié, améliorant ainsi la réactivité de l’établissement en cas d’alerte. En identifiant les menaces potentielles à l’avance, les établissements peuvent préparer des mesures préventives et correctives adaptées ;
- préserver de manière optimale le bien-être et la santé des résidents en garantissant une organisation adaptée et efficace. Cela inclut des dispositions spécifiques comme l’installation de systèmes de rafraîchissement de l’air en période de canicule[3] ou la mise en place de protocoles sanitaires stricts en cas d’épidémie ;
- favoriser une démarche qualité opérationnelle en intégrant des évaluations régulières et des formations continues pour le personnel, afin de s’assurer que tout le monde est prêt à réagir correctement en situation de crise.
Ainsi, le plan bleu contribue non seulement à la sécurité des résidents, mais aussi à la continuité des soins et des services, même en période de crise.
La gestion du plan bleu en maison de retraite en 5 étapes
Un arrêté du 7 juillet 2005 (modifié par l’arrêté du 8 août 2005) précise les exigences pour la mise en œuvre du plan bleu dans les EHPAD[1] qui se décompose en cinq étapes successives.
1 - Désignation d’un référent et constitution d’une équipe projet
La première étape de la mise en place du plan bleu consiste à désigner un référent chargé de coordonner toutes les actions liées à la gestion de crise. Ce référent doit être un professionnel expérimenté, capable de diriger une équipe projet composée de membres du personnel de différents services (soins, logistique, administration).
Cette équipe est responsable de :
- l'élaboration initiale du plan bleu et de son actualisation régulière, au minimum une fois par an, ou dès que nécessaire en fonction des évolutions de l’établissement ou des risques identifiés ;
- la présentation du plan bleu au CSV (conseil de vie sociale)[4], permettant de garantir une totale transparence et d’impliquer les résidents et les familles dans la gestion des risques ;
- l’organisation d’exercices pratiques visant à tester les procédures et à repérer les éventuelles failles du plan.
2 - Inventaire et analyse des risques
Une fois l'équipe projet constituée, il est crucial de procéder à un inventaire des risques et des menaces potentiels auxquels l’EHPAD[1] peut avoir à faire face.
Cette étape implique :
- l'identification de tous les types de crises possibles telles que les vagues de chaud, les inondations, les épidémies, les intoxications ou encore les incendies ;
- la priorisation des risques en évaluant leur probabilité de survenue et l’impact potentiel sur l'établissement et ses résidents
L'analyse des risques permet de prioriser les menaces les plus sérieuses et de déterminer les mesures préventives et les réponses adaptées à chaque situation.
3 - Évaluation des besoins et des ressources nécessaires
Après avoir identifié les risques, l'équipe projet doit évaluer les besoins en termes de ressources humaines, matérielles et financières nécessaires pour gérer efficacement une crise.
Cela inclut :
- la disponibilité de personnel formé ;
- la capacité d’accueil de l’établissement ;
- la provision de stocks de médicaments et de matériel médical ;
- la mise en place de solutions logistiques pour garantir la continuité des services.
Cette étape est essentielle pour s'assurer que l'établissement dispose de tout le nécessaire pour répondre rapidement et efficacement à une situation d'urgence.
4 - Organisation des actions pour faire face à la crise en établissement pour seniors
Cette étape consiste à élaborer des procédures détaillées pour chaque type de crise identifié. Il s'agit de définir clairement les rôles et les responsabilités de chaque membre du personnel, ainsi que les actions à entreprendre immédiatement en cas de déclenchement et de levée d’alerte.
Ces procédures doivent inclure des protocoles de communication interne et externe, des plans d'évacuation, et des mesures spécifiques pour la protection des résidents les plus vulnérables. L'objectif est de créer un cadre d'action structuré et cohérent qui puisse être activé rapidement et efficacement.
5 - Entraînement et formation des équipes des maisons de retraite
Pour garantir une réponse efficace et coordonnée en cas de crise, il est essentiel de mettre en place un programme de formation spécifique, notamment sur les gestes et soins d’urgence, sur les situations sanitaires exceptionnelles (SSE) et des formations spécifiques pour les membres de la cellule de crise. Après chaque exercice, il est également crucial de réaliser un retour d’expérience (RETEX). Cela consiste à collecter et analyser les données, à élaborer un plan d’action basé sur les observations, à mettre en œuvre les recommandations et à partager les enseignements pour améliorer les pratiques.
Le cas particulier du plan bleu canicule[3]
La canicule[3] représente un risque particulièrement élevé pour les résidents des EHPAD[1] en raison de leur grande vulnérabilité aux fortes températures. Le plan bleu canicule[3] inclut des mesures spécifiques telles que :
- le suivi régulier de la température intérieure ;
- l'hydratation fréquente des résidents ;
- l'adaptation des menus pour favoriser la consommation de liquides ;
- l'organisation d'activités dans des espaces climatisés.
Des partenariats avec les autorités locales et les services de santé sont également essentiels pour assurer une prise en charge rapide en cas de dégradation de l'état de santé des résidents.
Quelles peuvent être les conséquences du plan bleu sur les résidents et leur santé ?
La mise en place du plan bleu a des conséquences significatives sur les résidents des EHPAD[1].
Tout d’abord, elle améliore la sécurité et le bien-être des résidents en garantissant une réponse rapide et adaptée aux situations d'urgence. Les résidents peuvent ainsi se sentir plus en sécurité, ce qui contribue à leur tranquillité d'esprit et à leur qualité de vie.
Cependant, la mise en œuvre de ce plan peut aussi entraîner des perturbations temporaires, telles que des modifications des routines quotidiennes ou des déplacements en cas d'évacuation.
En période de crise, des restrictions ou des protocoles spécifiques peuvent être mis en place pour limiter les risques de propagation de maladies ou pour assurer la sécurité des résidents. Cela peut entraîner des changements dans les droits de visite, tels que des horaires restreints, voire des visites virtuelles.
En conclusion, le plan bleu représente une réponse essentielle aux défis auxquels les EHPAD[1] sont confrontés en matière de gestion des crises, en contribuant à assurer la sécurité et le bien-être des résidents, même dans les situations les plus critiques. Malgré les éventuelles perturbations temporaires, les bénéfices de sa mise en œuvre sont indéniables, offrant une tranquillité d'esprit précieuse tant pour les résidents que pour leurs proches.
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